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Psychologie clinique : La maternité monoparentale

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Psychologie clinique : La maternité monoparentale Empty Psychologie clinique : La maternité monoparentale

Message  Mina Ven Nov 19 2010, 19:59

Bonjour,

Je vous propose de partager ici mes cours de Psychologie clinique que j'ai cette année, et je commencerais donc par celui-ci.

Le titre exacte est :
"La maternité comme mise en corps d’une souffrance et d’une transmission transgénérationnelle. "
(Professeur Savet Alain)

Soutenu notamment par la notion de monoparentalité.

Voici un premier plan des articles qui suivront :

Introduction : - L’inquiétante séduction de la monoparentalité – LE ROMAN FAMILIAL
I – Rencontre clinique
1.1 Champs thématiques
a) Aspects idéologiques
b) Féminité – Maternité
c) Maternité – Identité
d) Maternité et narcissisme
e) Rapport à la mère
f) Développement psycho-affectif et sexuel
g) Naissance et narcissisme
h) Enfant comme réparation narcissique
i) Enfant et Narcissisme
j) Nomination du père
k) L'évincement ou l'absent trop présent
l) Sexualité avec procréation sans sexualité



Dernière édition par Mina le Lun Déc 20 2010, 12:50, édité 1 fois
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Psychologie clinique : La maternité monoparentale Empty Re: Psychologie clinique : La maternité monoparentale

Message  Mina Ven Nov 19 2010, 22:43

Note : je vous renvoie à la lecture des articles dans la section "Psychologie Freudienne" pour comprendre certains termes. Ou à poster dans la section "Psychologie - questions" si besoin est.

La maternité comme mise en corps d’une souffrance et d’une transmission transgénérationnelle.

Introduction : - L’inquiétante séduction de la monoparentalité – LE ROMAN FAMILIAL


La monoparentalité :" motion inepte du point de vue biologique qui vient recadrer différents avatars de la parentalité, ni plus fréquents qu’ils ont pu l’être à différentes époques de l’histoire humaine, ni plus dommageable que d’autres dysparentalités ou d’abandon, par exemple."

Ce phénomène (la monoparentalité) préoccupe parce que :

- Il s’inscrit dans le juste souci de sauvegarde des droits de l’enfant et de soutien à ceux qui l’élève.
- Il fait effet, fonction de résistance ou d’effet pervers en regard des progrès de la biologie et des modifications de législation de régulation de naissance.

Qu'est ce que ces deux points signifient ?
On peut se dire qu'au regard d'une société développée, on devrait en arriver à un idéal familial "papa-maman-enfants". Mais de nombreux cas nous montre que cette situation reste effectivement un idéal. Et que la réalité est tout autre.
Si on s'accorde sur les couples sans enfants, familles recomposées, la question ici du parent seul élevant son enfant fait se poser des questions.
Quid des droits du parent seul disposant entièrement de l'autorité, des responsabilités et charge ?
(La question étant, qu'est-ce qu'au niveau personnel et subjectif, faut-il en penser ? En usant notamment des informations disponibles liées au contexte, à la Loi, mais aussi à la science, et tout simplement, à l'évolution de notre société).


Outre leur diminution de natalité, les pays riches sont confrontés à des formes de parentalité fragilisées ; qu’ils croyaient prévenir grâce aux techniques de contraception et d’interruption de grossesse et palier par aides sociales équitablement allouées.

La parentalité réduite à une dyade parent-enfant, comme toute espèce d’unité duelle qui perdure, soit comme isolément volontaire, soit comme refuge désiré, devient une situation à hauts risques.

Autant que l’histoire des mœurs, par-delà la considération socio-démographique, il nous faut considérer l’imaginaire qui colle aux situations familiales hors du commun.
Il est vrai que la misère et la détresse souvent reliées à ces situations, éveillent la compassion et autres bons sentiments chez ceux qui sont assurées de leur parentèle.

Mais surtout la découverte d’une monoparentalité ouvre la boite à fantasme. Quel est-il ?
C’est le roman familial ! Celui de chacun, relié par contes et légendes, aventures sentimentales et autres sagas
.

Les romans familiaux, ces récits d’enfants exposés aux tourments de la dysparentalité, changement d’identités, tenus aux secrets, sauvés in extremis de la misère, puis transportés dans la lumière d’une famille aimante, réconciliée avec son destin, conjugue le sordide et le merveilleux, la pureté et la luxure, la générosité et l’envie.
La bonté populaire et la droiture aristocratique se réconcilient ainsi sur le dos d’une bourgeoisie sans qualités de ses équivalents : arrivistes-nouveaux riches.
Les valeurs traditionnelles de la terre et du sang triomphent imaginairement du nouveau pouvoir du sexe et de l’argent.

Il ne s’agit pas là de littérature de bons sentiments, mythes et œuvres majeures se nourrissant aux mêmes sources que celles qu’invente l’enfant pour surmonter la déception[b] que lui infligent ses parents. [b]Parce qu’ils ne sont QUE ce qu’ils sont.

Ainsi, l’enfant s’invente-t-il une parenté merveilleuse. L’enfant « troublé » voit s’ouvrir devant lui d’infinies possibilités pour son ambition effrénée.

Pourquoi une parenté merveilleuse ? Ou une mono-parenté qui lui conserve sa mère certaine et un père réel toujours incertain au profit d’un père putatif et lointain.
Les deux veines de l’enfant trouvé et du bâtard, d’Apollon et d’Hermès, constituent les issues romanesques provisoires d’un sujet qui s’affranchit ainsi de la séduction parentale tout en éludant les désirs de parricides et d’inceste.

NB : Dans le certain (de la mère) et l’incertain (du père), on voit apparaitre toute la dimension de l’imaginaire.

Aux informations qui instruisent de la réalité sexuelle, de la procréation, s’opposent ces utopies qui, au moment critique de leur évolution, conduisent parfois les amants à écrire leurs vies, non pas en fiction romanesque mais avec leur corps dans le réel.

L’inquiétante étrangeté qui entoure la considération de la monoparentalité tiendrait au fait que nous avons tous vécu puis intériorisé un état de monoparentalité idéalisé, état de séduction narcissique de deux êtres qui n’en font qu’un.
L’un contenant l’autre, qui le contient.
Le bébé tétant le sein maternel, enveloppée en son sein, chacun suspendu et fasciné par les yeux de l’autre.
Sein et yeux, organes par excellence de séduction : les yeux, portes du corps ouvertes à l’échange et le sein, figure de proue mais aussi habitacle originaire.
On représente essentiellement le processus « d’homni-sation » comme un arrachement de la séduction originaire et comme un conflit contre les forces d’indifférenciation.
C’est faire bien peu cas, dans le drame d’Œdipe, en regard du meurtre de son père, de la séduction de Jocaste.
La séduction a toujours le pouvoir de faire flotter l’identité, de troubler l’état civil et la raison.

NB : ex. : la phase initiale du jeune couple, où l’identité flotte parce que les instants affectifs où l’un connait les pensées de l’autre, reflète cette séduction, ce moment de jeu de regards originaire.

Contrairement à ce que l’on croit, cette séduction est moins sexuelle que narcissique. C’est plus une façon de renouer avec la plénitude de toute appartenance en dépit d’une situation sociale ou affective sans issue, mais cette quête est régressive : déni du deuil, elle risque de piéger l’enfant, de faire de lui un fantôme, piégé dans le narcissisme du parent isolé, lorsque la monoparentalité se transforme en bulle de séduction défiant toute autre présence et s’opposant aux excitations du désir comme à l’appel du monde extérieur.

Les situations extrêmes ont autant le pouvoir de générer des catastrophes psychopathologiques que des êtres d’exceptions, héroïques, créatifs, dans le monde des armes, des arts ou de la pensée.

L’enfant peut s’en sortir à condition qu’il ne soit pas le produit d’un deuil refusé mais le créateur d’un dépassement ; à condition qu’il ait une propre vie (et non instrumentalisée) que lui et sa mère puisse se reconnaitre, s’aimer et se repousser sans s’anéantir, à condition de décoller leurs tuniques communes, tissées de sollicitude maternelle et de stimulation réciproque, grâce à l’intersession d’une figure paternelle initiant un désir de conquête et de gloire.

Exemple d'un cas : une jeune femme se présente au cabinet du psychologue et raconte son histoire : elle vivait une réelle relation fusionnelle avec son grand frère. Il faisait strictement tout ensemble, jusqu'à se voir nus (devenu adultes) jusqu'à être confondus dans la rue comme un couple, et non comme frère-soeur. (On peut déjà sous-tendre une notion de relation incestueuse).
Elle eut un premier enfant d'un homme qu'elle quitta, et le frère, devenu oncle, prit son rôle très à coeur et s'occupa de cet enfant.
Puis ce frère est décédé, du fait d'un accident de la route.
La soeur, inconsolable, se mit à porter les vêtements de son frère, à dormir dans son lit, elle tentait par tous les moyens de retrouver ce frère.
Puis elle rencontra un jeune homme en boite, de qui elle tomba enceinte. Elle le quitta, et suivi sa grossesse à terme.
Elle nomma ce deuxième enfant du même nom que son frère, en son honneur (et son bon souvenir).

Que peut-on conclure de cette histoire ?
D'un point de vue clinique, la relation incestuelle sous-tendue (et entretenue) à faire devenir cette jeune femme objet de son frère, et lui même objet (d'amour) de son frère, sans que jamais il y ait passage à l'acte (sexuel).
Néanmoins, l'instabilité de cette femme à maintenir une relation amoureuse (impossible puisque son "amoureux" c'était son frère ! Qu'elle en ait conscience passe au second plan), l'a poussé à reconnaitre son frère comme le seul père possible de ces enfants (il lui fallait un géniteur - puisque, culturellement, l'inceste est interdit-).
Son frère décédé, elle enfante à nouveau, en investissant ce nouvel objet d'amour, du même qu'elle éprouvait pour son frère, au point de lui donner le même nom...


NB : La tristesse du deuil est une émotion qui vient signer la perte. L’enfant à naitre ne doit pas être le sur-investissement de l’être perdu.
Faire le deuil c’est une reconnaissance du et envers le mort. On désinvestit l’objet perdu jusqu’à un certain moment où on va à nouveau accéder, après l’émotion, à la pensée. On va pouvoir s’autoriser à penser au mort, dans ces termes, et se dégager de la période de deuil.
Pour ceux chez qui il n’y a pas cela : cette autorisation à se dégager – il y a sur-investissement, le deuil est refusé ou « indépassé ».
(Refus du deuil = refus de castration).


L’approche psycho-biographique révèle des situations d’éducation précoce, monoparentale et qui sont de remarquables exemples de maternage Jocastien (ex : Proust,….).

La monoparentalité effective ou affective est au cœur de travaux éminents sur la dépressivité et le travail du narcissisme.


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Message  Mina Ven Nov 19 2010, 22:48

I – Rencontre clinique :

Pour certaines femmes, la vie sexuelle passe par la maternité, au point d'assimiler l'une et l'autre.
La question de la sexualité étant majeure.
Il y avait une assimilation entre sexualité et procréation, et un rapport particulier à la contraception.

Comment cette question a été transmise ? (-Rapport à l'autre-)

NB : L'homme dit : « je lui fais entièrement confiance ». On est sur un niveau infantile; Il a toute confiance en elle comme il avait toute confiance en sa mère, son père.
On a donc là le niveau fonctionnel du couple. Et certaine femme trouve un intérêt à gérer ce niveau (-de névrose-). Elle gère leur contraception, leur corps, leur sexualité.



En ce qui concerne la contraception chez la femme, un vide, un blanc apparaît. Comme si certaines développaient une stratégie, dont la conséquence serait remise en question voir l'échec d'une pratique contraceptive.

Comme si l'attitude de certaines femmes devant la contraception semblait intentionnelle. La plupart du temps, bien qu'informées du risque de grossesse et de divers moyens de contraception, elles disent « j'y pense pas ». Aucune précaution -personnelle- de leur part. Et pas plus à demander au partenaire de s'en soucier (=déni de la réalité).

→ Ce déni est un refus de reconnaître une réalité dont la perception serait frustrante pour la femme. La frustration serait de s'interdire l'accès à la maternité.
Dans le couple, il n'y a pas d'échange, de mise en mot, on peut parler de passage à l'acte (de la part des deux protagonistes).

Dans l'histoire d'une vie, aux espérances ponctuées par l'échec des relations affectives ou par la perte d'exister comme sujet, la femme envisage comme réparation la maternité, manifeste de ce qui se joue au plus profond d'elle.
En ce sens, concevoir l'enfant se serait se sentir exister comme femme, devenant mère, mais aussi de tenter de vivre avec lui (l'enfant), la seule relation qui puisse s'offrir avec certitude et qu'elle suppose réussir; même si la suite de l'histoire vient contrarier son projet.


NB : Dans le refus de l'absence, du deuil, et de la souffrance donc, où l'individu cherche à combler le manque – par un enfant – le symbolisme n'opère pas. (pour les définitions de symbolique, réel et imaginaire, je vous renvoie aux articles de la section "Psychologie Freudienne")
(se souvenir du cas de la femme objet de son frère -mort-)

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Message  Mina Ven Nov 26 2010, 20:47

1.1 Champs thématiques :

a) Aspects idéologiques :

Alors que des femmes refusent la maternité, la dénie, la dénonce, l'interrogent essentiellement sur la Jouissance et confirment de ce fait la séparation traditionnelle entre le corps maternel, organe de reproduction, et le corps érogène, lieu de plaisir; certaines femmes exigent impérativement d'être mères parce qu’elles ne peuvent différer (ne peuvent attendre).

→ Nouvelle perspective idéologiques dans le refus de l'alternative : être femme ou mère; la femme veut-elle concilier en elle l'amante et la mère en accordant la vie sexuelle et l'enfantement ?

b) Féminité – Maternité :

La maternité, comme fonction génératrice, spécifie la féminité.
La maternité devient le signe de leur féminité. Comme si « vouloir être » mère ou le refuser, vivre sa maternité dans l'amour ou le rejet, importait peu.
→ La question primordiale étant la différenciation sexuelle.

Maternité comme preuve de sa féminité, comme si devenir femme passait par jouir de son corps féminin ET maternel.

NB : Certaines femmes estiment ne pouvoir s'accomplir comme femme qu'en étant mère = voir concept de différenciation sexuelle.


c) Maternité – Identité :

L'énergie, la force, parfois la violence avec laquelle la femme revendique, attend ou refuse la maternité, en tant que clinicien, on ne peut être sourd à cela.
Comme si pouvoir vivre sa maternité donnait procuration, cad, comme si être mère permettait d'affirmer son identité sociale.

De cette violence, de cette revendication : « je suis une femme », on doit s'interroger. Car cela fait symptôme.

→ Réflexion sur Réel-Symbolique-Imaginaire : la violence est une mise en acte.

« Il faut apprendre à différer (Symbolique), passer par l'Imaginaire (penser cet enfant). Et lorsque le discours est « Nan, on veut cet enfant ! », alors il faudra peut-être en passer par le Réel (assistances médicale, fécondation in-vitro,...).

Quand on a « pas assez » de symbolisme, on passe à l'acte. Le Symbolique permet de les éviter (symbolisme = rendre présent l'absent.)


NB : Ex : les nœuds de lacet → passer le lacet dans une 1ere boucle, c'est se rendre compte qu'il y a un trou, le trou c'est du manque; La capacité à faire le nœud, c'est qu'on a conscience du vide).
– Ne pas réussir à rêver = manque d'Imaginaire
– Manquer de Symbolique = c'est entrer dans le Réel par le passage à l'acte.



d) Maternité et narcissisme :

Pour la jeune femme, appréhender son corps c'est être comme sa mère. Cad que l'image de sa mère vient fonctionner comme unique référent, hypothéquant toutes interprétations personnelles de la maternité.
Si la représentation de cette maternité est tellement investie libidinalement, par la femme, elle peut se comprendre et l'éclairer du rapport vécu à sa propre mère, et plus particulièrement dans sa problématique identitaire.

LACAN : « Si dans le Réel, la maternité est oeuvre de création (engendrement) elle peut aussi, dans l'Imaginaire, représenter sa propre naissance (reproduction), et en même temps qu'elle inscrit le sujet dans le réseau Symbolique de l'ordre familial (filiation). »


e) Rapport à la mère :

Lorsque la femme parle de sa maternité, elle associe sa mère. Cela nous renvoie à la problématique de l'identification. Et lorsqu'il y a « trop de mère », cela signifie qu'il n'y a pas de tiers. (« Ma mère elle....ma mère a fait....ma mère disait.... »). Il faut entendre de la colère, de la séparation, mais aussi de la réparation (KLEIN).
A travers leurs paroles, quelques peu amères, ces femmes se questionnent, s'interrogent sur celle qui les a fait devenir femme.
Cad que la femme en vient à interpeller sa propre mère, et peut-être la mère de sa mère, dans leur désir d'enfant fille.

DOLTO : « Qu'as donc pu développer autour de moi comme attitudes, ma mère, pour rendre mon petit corps plat comparable au sien ».
(→ renvoie aux échanges entre mère et fille).
On retrouve ici la problématique de l'identité féminine, la rencontre avec notre mère.

Il nous faut accepter de nous identifier à l'autre, pour être différent.
Il nous faut une rencontre.
Sans rencontre, il y a projection (imaginer un type de relation).


NB : c'est parce que je peux accepter les parents tels qu'ils sont, et non pas comme je voudrais qu'ils soient, que je peux accéder à l'identification, et donc me construire.
J'ai besoin de l'autre. (pas que « l'autre » physique, mais psychique aussi).



Questions :
– L'éducation de la mère a-t-elle été valorisante en ce qui concerne tous ces signes de
féminité ?
– Ces signes ont-il été accompagnés d'un certain refus, d'angoisse, voir d'un déni de la féminité ?


f) Développement psycho-affectif :

Le développement de la féminité, avec ses conflits et leur réactivation, ses crises, son réseau d'identification et les possibilités relationnelles qui en résultent, ses vécus corporels complexes, semblent tendre vers l'accession à la maternité. Mais, du fait de leur dramatique, vont déboucher sur une maternité dont les motivations vont être singulières.

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Message  Mina Mer Déc 01 2010, 14:32

g) Naissance et narcissisme :

Période capitale où l'enfant de sa propre mère devient mère de son propre enfant. C'est le miroir.
La naissance apparaît pour la femme, étrangement double. Celle de l'enfant reste plus ou moins confondu ou en suspension. L'enfant un est double, étrange miroir de l'enfant qu'elle a été et celui qu'elle a.

La femme ne peut faire l'impasse sur l'identification à sa mère.
Il faut écouter ce qui se dit autour du berceau : « Oh ! Il a les yeux de ton père ! », ainsi est évoquée l'angoisse de la nouveauté : lorsque l'humain ne sait pas, ne connait pas, il va projeter (sur l'extérieur) quelque chose de connu pour se rassurer.

Dans ce double mouvement d'identification, à sa mère et son enfant, où s'articulent de manières variables et aléatoires ces possibilités progressives et régressives, la femme prend toute la mesure de sa capacité à procréer, ainsi que toute sa puissance (de femme, de mère).

Lorsqu'elle fait l'expérience de sa maternité, la femme se construit. Idem pour celle qui n'en veut pas (on observera alors le rapport avec le Signifiant « enfant »).


h) Enfant comme réparation narcissique :

→ La réparation narcissique se fait selon le choix d'objet : anaclitique ou narcissique.

La femme, mère en situation de monoparentalité ne l'oublions pas, dans son désir d'être comblée par cet enfant amour, cad dans son désir d'enfance, tente-t-elle de se réparer ?
 Je cherche un père » pour son enfant, mais sous-entendu elle-même cherche son propre père).

Qu'une mère, fille d'une mère, enfant d'une fille, sans que jamais imaginairement ou socialement soit laissé la place à un homme, renvoie à un fantasme : comme si chaque ventre de femme portait en lui un petit être pré-formé de sexe féminin qui contiendrait lui-même l'infinie série des descendantes et viendrait à son tour donner naissance à une fille. (ex : poupées russes, ou gigognes).

Quel est donc ce fantasme ? Celui de la parthénogenèse (les femmes font elles-mêmes les enfants, filles bien sûr). On se situe évidemment sur le plan Imaginaire.


i)Enfant et narcissisme :


Amour de soi-même, miroir perpétuel, tel peut être l'enjeu d'une fascinante captation narcissique.
Mais que l'enfant soit un garçon et la division peut s'instaurer chez la mère, la lignée des femmes est rompue.
Et parfois cette rupture se fait de manière très symptomatique, très dramatique (puisque la mère et l'enfant sont dans un face-à-face unique, séduisant, où personne ne vient se mettre entre).

j) Nomination du père :

Au regard de la loi, l'enfant à sa naissance prend le nom de celui et/ou celle qui le déclare.

« La grande défaite du sexe féminin est sans doute l'usurpation de ce pouvoir par les hommes ».

Donner son nom à l'enfant c'est, en l'inscrivant dans la communauté, oblitérer l'évidence de l'accouchement.
Certaine mère, en étant célibataire, en donnant leur nom à l'enfant et en jouissant de l'autorité parentale, vont, pensent-elles, renverser ce pouvoir.

Cette nomination par le père signifie symboliquement que l'enfant ne se confond pas avec la mère, en quelque sorte le père vient rompre leur relation fusionnelle. En se plaçant comme tiers, il garantit la séparation entre le corps de la mère et celui de l'enfant.

NB : Refus de l'allaitement = refus d'identité féminine par rapport à la mère.

Plus particulièrement, le père comme instance tierce permet d'introduire du « Je » entre « Toi » et « Moi ».
La présence du père passe par la mère et n'existe que si la mère la transmet à l'enfant par la parole.

LACAN : « Ce n'est que dans la mesure où sa parole est reconnue par la mère qu'elle prend valeur de Loi (-ça passe donc par la mère-). Si la position du père est mise en question, l'enfant demeure assujetti à la mère. »

Donc c'est par un effet de la parole que le père est là, pour permettre un passage et l'accès au monde symbolique.

Symbolique = symbolo – mettre ensemble, trinifier

Cela veut dire que ce n'est pas sans l'autre, l'un ou l'autre, c'est en même temps l'un et l'autre, référé à ce tiers, en relation vivante qui, loin de les séparer, les unifie incessamment.

Seul la dimension symbolique permet à l'enfant de ne pas appartenir exclusivement à l'un ou à l'autre, Père ou Mère, dia-, bio-, diaboliquement séparés, mais c'est de vivre ensemble, référés à l'un et l'autre en temps qu'être ternaire.
Et c'est à ce seul moment que l'enfant peut naitre à la dimension symbolique.
C'est la fonction du Signifiant qui conditionne la paternité. Et ce tiers qui intervient entre la mère et l'enfant, permet l'évitement de la folie fusionnelle et le déplacement de l'interdit de l'inceste.

L'inter-dit, ce qui se dit entre l'enfant et sa mère, c'est un double non : « Non ! Tu ne coucheras pas avec ta mère » du père au fils, et « Non ! Tu ne remettras pas cet enfant dans ton ventre » du père, à la mère.

Si ce processus ne fonctionne pas, dans la dynamique familial et la dynamique du couple, libre cours à tout, tout est possible...

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Message  Mina Jeu Déc 16 2010, 17:13

k) L'évincement -du père- ou « l'absent trop présent » :

Avoir pour soi sa mère procède d'une période archaïque : l'illustre souvenir œdipien. Phénomène dramatique car la vouloir à soi sous-tend l'évincement de toute relation triangulaire, et en particulier l'évincement du tiers paternel.

NB : Si on en passe pas par l'oedipe, on reste dans une position infantile – manque de responsabilités, d'autonomie, d'indépendance,...

Il pourrait être considéré comme le passage d'un désir érotique sauvage à un désir érotique socialisé.

Dans certaine famille, le père est trop « pressant », trop présent, omnipotent, et il envahit tout le monde.
Le plus fréquent c'est « je compte sur l'autre pour faire ce que je ne peux pas assumer ».


NB : Par l'écriture, dans le travail du deuil, la distance s'installe jour après jour.
On passe de la tristesse, de l'émotion, à la pensée. C'est le deuil réussi.
→ l'écriture permet aussi l'expression de l'archaïsme.



Même en parlant -que- de la mère, il y a toujours un appel, un écho au père.
Absence qui dans un premier temps peut être entendu comme une non-présence, un manque, un éloignement, une séparation, elle peut apparaître paradoxale parce que l'absent est trop présent.

La mythologie nous apprend que le Pénélope attend. Mais n'oublions pas de mettre le point de vue d'Ulysse : heureux et ayant fait un bon voyage.
(Pénélope est le type immortel de la fidélité conjugale. Pendant l'absence d'Ulysse parti guerroyer au loin et que l'on croyait disparu, elle meuble sa solitude en travaillant à de nombreux ouvrages.
Elle n'échappe aux sollicitations de ses prétendants, qu'en promettant de fixer son choix lorsqu'elle aura terminé une tapisserie dont elle défait la nuit ce qu'elle a fait le jour. Comme le renard, elle est prudente avisée et réfléchie. Au retour d'Ulysse, elle se garde même de reconnaître son mari, craignant une méprise. Seule la description de leur chambre nuptiale que lui-même avait décorée, lèvera ses doutes.
Quant au Héros dont les aventures forment le sujet de l'Odyssée, au cours de ses longs voyages initiatiques remplis d'épreuves, il avait enfin acquis la connaissance. Aussi, ni la colère des Dieux, ni le charme des sirènes, ni la séduction des magiciennes, ne le détourneront plus du dessein qu'il a formé de rentrer chez lui et d'y vivre avec Pénélope, sa fidèle et sage épouse.)


De ce fait, une trilogie apparaît, singulièrement scindée en deux couples diaboliquement séparés (trilogie : amour, sexualité, procréation). On va trouver amour/sexualité et sexualité/procréation.

Toutes les femmes qui rentrent en institution le font parce qu'elles sont en crise : en colère contre la mère, le père, l'amant...
La crise nous apprend que dans ce cas nous ne sommes jamais en face d'un autre unique et différencié. Pourquoi ? Parce que nous avons en permanence en face de nous, des images en sur-impression. C'est la sur-impression des âges : y sont inscrites, d'une manière permanente l'image du géniteur, celle du conjoint et celle de l'enfant.
--> Soit : l'image de la parenté, l'image de la conjugalité, l'image de l'enfance.
C'est la sur-impression des trois générations qui font face à la femme et qu'elle devra gérer.

La crise est donc nécessaire pour qu'on puisse déployer cette affaire-là.

S'il n'y a pas « d'engueulades », il va y avoir une fixation. Chacun reste de son côté. Mais les choses en restent au même stade. Et les questions de la parentalité et de l'infantile ne sont pas traitées...

On se sort de la crise lorsqu'on arrive à stabiliser ces trois sur-impressions. Ces 3 images se remettent à vibrer de manière « fantomatique ».
S'expose donc ainsi, dans l'entreprise conjugale et familiale, pour chaque femme, 3 questions essentielles : le père qu'elle eut, le(s) partenaire(s) conjugal(aux) rencontré(s) et après seulement, le père de son enfant.
Mais il y en a 3 autres complémentaires à ne pas omettre : l'enfant-fille qu'elle fut, la femme qu'elle est devenue et la mère en devenir qu'elle est.

2 cas cliniques :

1 femme avec un père violent. La mère avec 4 conjoints différents (la bête, la brute, l'immonde, le tyran). Elle a 2 enfants d'un homme violent, qu'elle quitte après « chaque fin de grossesse » mais reste avec lui pendant.

1 femme, qui se fait virer a 18 ans du domicile familial. (???? - pardonnez mon manque de mémoire...)

Loin de dire que ces femmes sont sans références à des hommes. Au contraire, ils sont pléthores (en abondance).
Par contre, l'homme en tant que partenaire n'a pas de place.
Après chaque grossesse, il est évincé, temporairement ou définitivement.
Certaines femmes sont restées sans castration (cad qu'elles n'ont pu se séparer) et de se fait elle n'arrivent pas à faire le deuil de ces figures paternelles et/ou fraternelles.
Elles demeurent avec les liens « consanguins » d'avec le père, le frère, l'enfant...
Elles restent empêtrées dans une relation œdipienne (où elles mettent en échec le père – de leur enfant; le leur, ainsi que le faisait leur mère ou ainsi qu'elles le voient).

Si nous sommes dans une relation œdipienne non-dénouée, c'est que personne ne s'est interposé entre nous et ces figures.

NB : « lorsque quelque chose n'est pas interdit, c'est autorisé ». Aussi bien imaginairement que réellement.

Cad que la mère ne s'est pas placée entre ces femmes et leur père. Car en se plaçant entre, la mère se serait signifiée « femme » et donc « femme du père ». Ainsi, il n'y aurait eu aucune équivoque pour la fille.

Mais la place ainsi vacante (celle près du père) par la mère, autorise la fille a l'occuper (=fixation œdipienne) cad lui permet de se rapprocher du père, et c'est l'un (si ce n'est le seul) des tous premiers représentants masculin.
Mais le danger d'y rester, c'est de rester l'objet sexuel de cet homme.

Et ainsi de participer et d'adhérer fantasmatiquement à l'envie de la fille d'être l'objet sexuel du père, d'en recevoir un enfant et de supplanter la mère au prix de la disgrâce et de son meurtre projeté.

Ce qui entraine à l'âge adulte, une certaine confusion dans le sexualité/procréation sans amour. Et bien que certaines de ces femmes ont faim d'amour, elles ont faim à la manière du nourrisson qui, dès que les soins sont donnés, dès que la faim et le besoin d'expulsion sont satisfaits, peut se détourner de sa mère pour aller dans les bras d'une personne même s'il ne la connait pas.
Elles ont faim d'amour mais en fait c'est d'avantage d'appétit sexuel dont il est question.

Cad au niveau instinctuel, au même titre que la faim, la soif, qui après satisfaction procurent relâchement. Mais ça n'a rien à avoir avec le désir sexuel.

L'hypothèse proposée est une nouvelle fois basée sur l'absence, car si nous savons que l'absence ressentie de la personne maternelle provoque une tension chez le nourrisson, qui peut être calmée par des sensations aux zones érogènes (pensons à la tétine...) associées imaginairement à sa présence.
Toute séparation trop longue de la mère est ressentie comme un rejet castrateur et oblige l'enfant à se consommer ou à se rejeter lui-même oralement, pour se ré-unifier imaginairement, comme il fait avec sa mère.

NB : l'appel à l'imaginaire permet d'imaginer des solutions.
Dans les cas extrêmes on peut en arriver à la paranoïa.
→ « lorsque je sais que l'absent est présent, je suis apaisé ».


Dans les deux cas cliniques présentés, les ruptures surviennent consécutivement à la grossesse, les femmes sont apaisées, elles peuvent apparaitre sans soucis, comme clivée, séparée quant à l'amour et la sexualité.

Seul la procréation dans l'actuel les préoccupent. Cad que la maternité les nourrie.
L'enfant apparaît comme une fonction apaisante.

NB : Certains couples passent tout de suite dans la parentalité et pas par la conjugalité.

Pour en revenir à l'homme; loin d'être absent, il est présent. Voir trop. Car c'est l'homme du même sang, le lien de consanguinité n'a pas été rompu.
Ces femmes sont toutes prises dans une relation imaginaire et qu'elles dénotent par cette phrase tristement célèbre " ils sont tous pareils ".

Qu'est-ce que cela veut dire ?

1ere hypothèse : ces femmes ne font pas la différence entre les différentes générations d'hommes rencontrés (= tassement générationnel masculin – car pour pouvoir différencier les hommes, il faut parvenir à différencier les âges de l'homme).
Et donc paradoxe dans le discours de ces femmes : lorsqu'elles arrivent en institution, certaines n'ont plus d'hommes, de manière temporaire ou définitive...mais en fait, elles en ont trop, elle sont saturées, « ils sont tous pareils ».
L'un, renvoie, ou revient, à l'autre.

Ces récits de vie font apparaître une monstrueuse entité de l'homme, une figure omniprésente (paternelle, fraternelle,...) et cette omniprésence fait qu'il n'y ait pas de place pour d'autres
(-hommes-), ils sont toujours là, qu'ils soient violents, aimants, fragiles,... et elles ne peuvent pas s'en séparer.


NB : lorsqu'il y a des conflits conjugaux, lorsque la femme dit « j'y reviens sans arrêt » (vers ce type d'homme, ce type de situation), si par la suite il n'y a pas un travail psychique, sur ce « pourquoi je rencontre toujours ce type d'homme ? », soit la femme va rester isolée (vers/avec son enfant), soit elle continuera à se retourner vers ce type de relation, avec cet autre, avec cet homme.




Mina
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